« Que ferais-tu si tu voyais cette souffrance ? » C’est avec cette question que, au XIVe siècle Ludolphe le Chartreux représente la naissance d’outils de pénitence tels que ceux-ci dans la dévotion moderne de la fin du Moyen ge. La méditation autour de la Passion doit littéralement susciter la compassion, et ce, pas seulement intérieurement, mais aussi physiquement. L’imitatio Christi, la véritable imitation de la souffrance du Christ, est le chemin vers l’union parfaite. Cet idéal peut se composer d’un large éventail de comportements émotionnels et physiques : depuis une relation réservée avec le Seigneur dans la méditation et la contemplation jusqu’aux imitations les plus extrêmes de Sa souffrance. Au XIIIe siècle, Elizabeth van Spalbeek illustre la Passion par le mime et s’autoflagelle à sang. Au XIVe siècle, Dorothy von Montau, passe des heures debout, les bras tendus, contre un mur de sa cellule ou se suspend à des clous contre le mur. Cependant, ce sont plutôt des cas particuliers qui ne sont pas approuvés par les autorités ecclésiastiques. On peut voir dans l’imitatio Christi tout sauf une imitation servile, ce qui porterait atteinte à sa profondeur. Plus qu’une imitation passive, il s’agit de recréer activement. Par le biais de la souffrance du Christ, on essaie de L’approcher au plus près. Plus qu’une souffrance résignée, c’est une manifestation puissante de charité, de charité ultime.