Jésus est assis sur un muret, les mains attachées contre le ventre. Il saigne, et sa couronne d’épines est trop lourde. Affligé et apitoyé, il a la tête inclinée. À ses pieds, on distingue une tête de mort et des clous. Le Christ sur la Pierre froide est une représentation de Jésus qui attend sur le mont du Calvaire, pendant que les bourreaux préparent la Croix. En fait, il ne se passe rien. Il attend, rien de plus. Il s’agit d’un épisode de la Passion qui n’est évoqué nulle part dans l’Évangile, mais qui découle d’écrits du XIVe siècle. Ceux-ci font de la souffrance du Christ le thème central, populaire depuis le gothique de la fin du Moyen Âge. Dans nos Pays-Bas, ceci donne lieu à la présentation du Christ sur la Pierre Froide. Ludolphe le Chartreux au XIVe siècle l’a décrit par ces mots : « Ô doux Seigneur, dans votre accablement, vous demeuriez sur la pierre glacée, tremblant de froid et de douleur »]. C’est dans sa souffrance que Jésus devient humain, familier et tangible, et qu’il est le plus proche du fidèle. Cela suscite l’empathie du spectateur. Malgré, ou peut-être plutôt grâce au fait que rien ne se passe, une vive émotion se dégage de cette statue. Nous y voyons l’extrême solitude et le profond délaissement, l’ultime humanité ainsi que la considération et la résignation, la contemplation et le repentir. On trouve souvent de telles statues dans la cellule des religieux, en guise de soutien à leur dévotion. La statue la plus paisible de l’iconographie chrétienne invite le spectateur à se contenter de regarder et à s’imprégner de cette placidité… Ni plus ni moins.